Djougou, Bénin – La lutte contre les inégalités hommes femmes dans le Nord du Benin a de nouveaux alliés : des maris qui ont choisi de retourner sur les bancs d’école. Il ne s’agit pas ici d’école conventionnelle, mais des écoles des maris.
L’approche « Ecoles des maris » est une nouvelle approche que CARE Bénin/Togo, en partenariat avec l’Union des Femmes élues Conseillères Communales dans les départements de l’Alibori, de l’Atacora, du Borgou, des Collines et de la Donga (UFeC/2ABCD) veut expérimenter dans deux communes du Nord-Bénin, soit la commune de Kandi dans le département de l’Alibori et celle de Djougou dans le département de la Donga. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme la « Voix Collective des Femmes et des Filles ». Quoi de mieux que d’allier les maris aux causes favorisant l’épanouissement des femmes ?
Dans chacune des deux communes pilotes, UFeC a mis sur pied cinq EdM constituées chacune de 12 hommes, et représentants 5 villages par commune. Bien que l’adhésion aux écoles soit sur une base volontaire, chaque mari a été préalablement sélectionné par les membres de la communauté, tout sexe, et toutes couches confondues. De plus, ces maris devaient rencontrer certains critères obligatoires : être un homme, être marié, s’ingérer contre la violence faite aux femmes, être résident du village, avoir une bonne moralité, partager des décisions importantes avec son/ses épouse(s), être engagé dans les causes qui favorisent l’épanouissement de la femme, etc. Deux autres critères à développer avec le temps incluaient cultiver l’harmonie au sein de sa famille et soutenir sa famille dans toute situation. Ces 24 maris sélectionnés, sont connus sous le nom de ‘maris modèles’, car ils sont déjà à la base les modèles à suivre que prônent les EdM.
Il est à noter que Djougou et Kandi ont été choisies car les cas de violences faites aux femmes et aux filles y sont plus nombreux que dans les autres communes de l’Alibori et de la Donga. L’objectif des EdM est donc d’éduquer et de sensibiliser les hommes sur des sujets tels que le respect de la femme, le partage des décisions dans le ménage, l’investissement dans le foyer, les violences faites aux femmes et aux filles, et de manière générale, les bénéfices de l’équité sociale pour la communauté entière.
Comme l’a dit le chef du village de Soubroukou, BASAO Kamsa, qui arbitre fréquemment les conflits conjugaux, « le lancement de l’école des maris est une bénédiction. Je souhaite grand succès à cette initiative qui nous permettra de voir une amélioration du comportement des hommes envers leurs épouses et les femmes et filles en général. »
Après quelque temps sur les bancs d’école, les maris modèles serviront d’agents de changement dans leurs communautés respectives. A travers le partage de leurs connaissances et la sensibilisation, ils planteront les graines de changement au sein de leurs communautés, incluant les jeunes hommes, futurs maris de demain.
GNONSSOUM Ayouba, un des maris modèles de Djougou, est fier d’avoir été sélectionné. Selon lui, « les temps ont changé. Nous devons prendre soin de nos femmes, les protéger et soutenir leur épanouissement. » Rakiya, sa jeune femme, se dit chanceuse d’avoir un mari qui la soutient dans ses ambitions, et qui la consulte sur les décisions importantes.
Au début du mois de février 2023, il s’est tenu une remise officielle d’équipements par UFeC aux EdM des communes de Kandi et de Djougou. Ces outils de travail incluaient des bancs pour leurs rencontres, des mégaphones pour la diffusion de messages, des t-shirts et chapeaux, etc. Le 20 février 2023, UFeC et les bénéficiaires du projet Voix Collective des Femmes et des Filles, ont reçu la visite de CARE Bénin/Togo dans la commune de Djougou pour discuter du progrès des activités menées sur le terrain aussi bien par les femmes que par les hommes.
Beaucoup d’espoir est mis sur la réussite de l’initiative des écoles des maris. Comme le dit Madame MONRA Virginie, coordonnatrice de UFeC, « Si ces maris modèles maintiennent leurs comportements et attitudes et réussissent à créer une vague de changement chez d’autres, alors un changement profond des normes sociales dans nos communautés est possible. »
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